Les libertés académiques malmenées : causes, méthodes, conséquences
Le 21 janvier 2026 de 9h à 17h
à l'Institut Pascal 91400 Orsay
D’un côté, des acteurs politiques et économiques influents contestent les résultats des recherches académiques, remettent en question des enseignements universitaires, appellent à abandonner ou à réduire significativement le budget alloué aux recherches fondamentales, à oublier définitivement l’éthique de la connaissance comme « bien commun ». Pour ceux-là, il s’agit de procéder à une accélération des bifurcations en faveur de l’utilité économique, de la « valorisation » des recherches vers certains secteurs industriels uniquement, de renforcer les sciences pour la guerre et presque rien d’autre.
Désormais aux Etats-Unis et en Europe, pour orienter les activités de l’enseignement supérieur et de la recherche, les méthodes semblent plus brutales que durant les dernières décennies. Les attaques contre les recherches jugées non conformes (sciences du climat et de la biodiversité, sciences humaines et sociales, etc.) sont dénigrées de façon agressive et caricaturale, notamment sur les réseaux sociaux, y compris par des autorités gouvernementales. En parallèle, les financements pour l’enseignement supérieur et la recherche sont réduits ou parfois supprimés, les personnels de la recherche licenciés ou intimidés. La compétition sur des appels d’offre fléchés vers ce qui est « utile », la « sélection darwinienne » des chercheurs, des laboratoires et des établissements de recherche constitue-t-elle un moyen d’allocation efficace des ressources pour favoriser la production scientifique et la créativité ou sert-elle principalement à contrôler les activités de recherche et d’enseignement ? Dans le détail, quelles sont les méthodes utilisées qui malmènent les libertés académiques ? Quelles en sont et en seront les conséquences ?
D’un autre côté, des chercheurs et des étudiants, soutenus par une partie de la population, considèrent que la recherche académique est allée trop loin dans son asservissement à des intérêts économiques peu vertueux, dans son compagnonnage avec le « complexe militaro-industriel », dans sa participation plus ou moins directe à la destruction de l’environnement. Il faut être utile, mais pas à n’importe qui. Cela a conduit ces dernières années à des mouvements de réorientation de certaines recherches, à des changements de certaines pratiques professionnelles. Ce second type de tendance appelle à rendre la recherche plus autonome vis-à-vis des pouvoirs économiques, mais plus sensible et connectée aux intérêts des citoyens, vis-à-vis des évolutions environnementales inquiétantes et des besoins sociaux nombreux.
De fait, les activités académiques se retrouvent en situation de besoin d’autonomie, lorsqu’il s’agit de mobiliser des argumentaires et de produire des résultats qui dérangent les intérêts de groupes sociaux puissants ou d’avoir un positionnement qui ne cadre pas avec les intérêts de ceux-ci, mais d’un autre côté, les activités académiques sont reliées à la société dans laquelle elles s’inscrivent, avec des impacts potentiellement forts sur la société et l’environnement, pour des coûts non négligeables : les activités académiques se retrouvent dans la situation de devoir être justifiées pour pouvoir perdurer.
L’articulation entre autonomie et raison d’être, entre utilité économique et utilité sociale, se retrouve à nouveau questionnée. Les équilibres fragiles sont bousculés et le positionnement du monde académique, sommé de s’adapter de toute part. Concrètement quelles sont les modalités de préservation, de régression ou d’amplification des libertés académiques ? Quels sont les effets bénéfiques pour la société dans son ensemble des libertés académiques qui justifient qu’on les maintienne ?